11’30 contre les lois racistes

Album - Chanson, Article

Retour sur un morceau emblématique du rap français des années 90. 11’30 contre les lois racistes est une prise de position forte, un des meilleurs exemples d’engagement direct à travers la musique. En effet, “qui prétend faire du rap sans prendre position ?” Cette phrase, qui provient du morceau d’Arsenik “Boxe avec les Mots”, a été reprise à toutes les sauces par de nombreux rappeurs. Aujourd’hui en s’ouvrant à un public extrêmement large et en devenant la musique numéro 1 en france, le rap a en partie perdu cette dimension engagée qui l’a caractérisé dans les années 90. Les rappeurs avaient alors conscience d’occuper un rôle de porte-paroles des banlieues, et n’hésitaient pas à porter un message fort dans leurs morceaux.

Enregistré en 1997, année où sort également le film à la BO mythique Ma 6-T va crack-er, et deux ans après les émeutes de 1995, se succèdent au micro bon nombre de poids lourd de l’époque : Assassin, Akhenaton et Freeman d’IAM, ou encore Passi et Stomy Bugsy du Ministère Amer, accompagnés d’une multitude de rappeurs moins connus. On entend du français, mais également du créole ou du wolof. Ce morceau est déjà mémorable de part sa durée, le nombre et la diversité de ses participants. Revenons sur le contexte de l’époque, contre qui et contre quoi ce morceau a-t-il précisément été enregistré ? Qui en est à l’initiative ?

Depuis 1995, le MIB (Mouvement de Libération des Banlieues) lutte contre le racisme d’état, les discriminations et les crimes policiers de plus en plus nombreux sur les populations issues de l’immigration. (20 ans avant l’affaore Adama Traoré) Dans ce contexte le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean Louis Debré, souhaite passer des lois pour durcir les conditions d’accueil des étrangers. Des mobilisations massives sont organisées, et ce morceau est un soutien direct à ces mobilisations (100% des bénéfices sont reversés au MIB). Des thèmes plus larges sont aussi abordés, comme l’expulsion de l’église Saint-Bernard occupée par des sans-papiers, ou les lois Pasqua de 1993 qui durcissaient déjà les conditions de séjour des étrangers en France.

Les revendications y sont directes et précises, évoquées dès l’introduction du morceau par Jean-François Richet (producteur du morceau, par le biais de la structure créée pour l’occasion Cercle Rouge) et Madj d’Assassin Productions:

 » Loi Deferre, loi Joxe, lois Pasqua ou Debré, une seule logique : la chasse à l’immigré. […] Un Etat raciste ne peut que créer des lois racistes. Alors assez de l’antiracisme folklorique et bon enfant dans l’euphorie des jours de fête. Régularisation immédiate de tous les immigrés sans papiers et de leurs familles. Abrogation de toutes les lois racistes régissant le séjour des immigrés en France. Nous revendiquons l’émancipation de tous les exploités de ce pays. Qu’ils soient français ou immigrés. »

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