
Par les damné.e.s de la terre est un projet mené par le rappeur Rocé, en collaboration avec l’historien Amzat Boukari-Yabara et la chercheuse Naïma Yahi. Ce projet prend la forme d’une compilation, sortie en 2018 sur le sous-label d’Hors Cadres, Collection Mémoire. Cette compilation rassemble des morceaux rares, oubliés, d’artistes issu.e.s pour la plupart des anciennes colonies françaises, qui chantent en français, mais sont laissés pour comptes des médias français et de l’imaginaire collectif.
Rocé s’éloigne donc du milieu du rap français, pour définir une identité commune aux enfants des diasporas, leur faire (re)découvrir la culture de leurs parents, de leurs grands-parents. Une histoire qui mêle luttes anticoloniales, luttes ouvrières, exils, et qui exhorte à garder la tête haute, à être fièr.e de son passé, de son héritage.
En apportant cet éclairage historique, Rocé espère inspirer les réflexions de la période actuelle, en brisant des tabous, et en empêchant une réécriture de l’histoire par les dominants.
Se côtoient sur ce disque musiques du Gabon, de Guyane, du Burkina Faso, discours d’Hô Chi Minh (Leader communiste et anti impérialiste du Viêt Nam), psychédélisme du Groupement Culturel Renault. Le disque s’accompagne d’un livret très fourni, qui revient sur le contexte particulier de chacun des morceaux sélectionnés, l’histoire de celles et ceux qui en sont à l’origine, accompagné d’une citation de Jacques Rancières :
Voir ce qui n’avait pas lieu d’être vu, faire entendre comme discours ce qui n’était entendu que comme un bruit