Underground Resistance

Article, Labels

Lorsqu’on évoque Underground Resistance, on parle d’un collectif mythique, pour plusieurs raisons. D’abord pour sa participation à la définition du son Techno, ce genre musical qui a émergé à la fin des années 80, à Detroit. Originaires de la Motor City, les membres d’Underground Resistance font partie de la seconde vague d’artistes Techno de Detroit, après le trio d’initiateurs Juan Atkins, Derrick May et Kevin Saunderson. Mythique, le collectif fondé en 1990 l’est aussi par sa radicalité, son esthétique sans compromis. Sur les pochettes des disques n’apparaît que le logo UR reconnaissable entre tous, les visages des membres restent cachés sous des cagoules en concert.

Cet anonymat, couplé à un refus d’apparaître dans les médias, vient d’une volonté affichée de mettre la musique en avant, qu’elle seule importe plutôt que ses interprètes. Le producteur s’efface derrière sa musique, les artistes restent anonymes pour éviter de tomber dans la stratification, qui nuit au sens profond de la musique. L’utilisation de pseudonymes pour brouiller les pistes est courante. Leur musique est aussi le seul média au travers duquel ils peuvent s’exprimer sans que leur pensée soit déformée, qui peut toucher directement leurs auditeur.ices.

À travers le mouvement Techno, Underground Resistance s’inscrit dans un courant musical innovant, directement inspiré des conditions sociales difficiles des afro-américains de Détroit, cette ville industrielle qui connaît le chômage de masse, la pauvreté, les violences policières, le racisme. S’inspirant de l’imaginaire militaire et de la fierté d’être noir-e de Public Enemy, UR rompt avec l’industrie musicale, montant ses propres labels, studios, et réseaux de distribution, pour être en totale indépendance et garder le contrôle sur leur musique et leur image.

Mona Haydar

Article, Artistes

Mona Haydar est une poète et rappeuse Américaine d’origine syrienne. Elle se fait connaître en 2017, par le biais de sa chanson Hijabi, qui devient virale et dont le clip enchaîne les millions de vues. Dans ce morceau, diffusé à l’occasion de la “journée de la femme musulmane”, le 27 mars, elle rejette les clichés liés au voile, et proclame sa fierté d’être une femme féministe, musulmane et voilée.

Dès 2015, avant de commencer sa carrière dans la musique, Mona Haydar menait déjà une campagne pour inviter les gens dans les rues des Etats Unis et parler avec des musulman-e-s, pour déconstruire leurs idées reçues et le rejet de l’Islam.

En 2017, elle sort son premier EP, Barbarians, à travers lequel elle dénonce la société capitaliste, mysogine et islamophobe. Sa musique s’inspire du Hip-Hop Américain, tout en y ajoutant des éléments de musique orientale.

Elle poursuit en 2020 avec le morceau Good Body, un hymne Body-positive inclusif. Elle y invite à aimer son corps, peu importe sa couleur, sa corpulence, à oser être soi sans prêter attention aux jugements de la société.

Retrouvez Mona Haydar et tou-te-s les autres artistes et projets militants sur notre page Instagram

Fela Kuti

Article, Artistes

Fela Kuti (1938 – 1997), est un chanteur, saxophoniste, chef d’orchestre et homme politique nigérian. Il est l’inventeur de l’afrobeat, mélange de funk, de jazz, et de musique traditionnelle d’Afrique de l’ouest (Nigéria et Ghana). Proche des Black Panthers, il se sert de la musique comme une arme politique, de rejet des gouvernements corrompus et de la guerre.

Suite à la guerre de Biafra en 1969, Fela quitte le Nigéria pour les États-Unis. Il y donne des concerts, découvre le mouvement Black Panther et le Free Jazz. Afin de toucher un public plus large, il ne chante plus dans sa langue natale, le Yoruba, mais en pidgin (créole anglais). Les disques qu’il enregistre se font de plus en plus contestataires, il évoque les problèmes sociaux et politiques du Nigeria : la corruption, la guerre. Le racisme aussi, avec son album Why Black Man Dey Suffer (1971).

Pochette de l’album Zombie, par Fela Kuti & Afrika 70 (1976)

En 1974 après son arrestation par la police, il crée sa propre république, la république indépendante de Kalakuta. Dans son succès mondial Zombie en 1976, il critique les soldats nigérians qu’il compare à des zombies, car ils sont agressifs et obéissent aux ordres sans réfléchir. L’année d’après, sa république est prise d’assaut par l’armée nigériane, pendant l’attaque la mère de Fela est défenestrée.

Pendant les années 80, il multiplie les condamnations pour détention de stupéfiants et les passages en prison. Condamné à 10 ans de prison en 1984, il sortira au bout de 18 mois grâce à une mobilisation d’Amnesty International et de nombreux artistes. Il dédie son album Underground System de 1987 à Thomas Sankara, président du Burkina Faso assassiné. Dans Beats of No Nation, il s’en prend à des figures du capitalisme, comme Reagan ou Margaret Thatcher.

Affaibli par la maladie, il meurt du SIDA en 1997. Un million de personnes assisteront à ses obsèques. A noter tout de même, au cours de sa vie, Fela Kuti est accusé de détournement de mineures, et a voulu se marier avec 27 de ses choristes (mariage interdit, mais réalisé tout de même en secret).

Retrouvez Fela Kuti et tou-te-s les autres artistes et projets militants sur notre page Instagram

The Clash

Article, Artistes

Groupe londonien formé en 1976, inclassable tant les morceaux voguent et combinent de nombreux styles, il a toujours mené à bien sa volonté de critiquer la hiérarchie sociale et la monarchie anglaise. Dignes représentants de la classe ouvrière, c’est avec classe et passion que The Clash se distingue en distillant punk et reggae, conjuguant le rock au disco, le tout scandé dans un cockney virulent. Suite à des conflits internes, le groupe se sépare en 1986, mais laisse derrière lui un impact culturel énorme, qui résonne encore aujourd’hui.

Pochette de l’album London Calling sorti en 1979 et édité par CBS Records

Derrière des refrains entêtants et parfois d’apparence simpliste se cache toujours une véritable intention : faire prendre conscience à l’auditeur de problèmes que la société préfère ne pas affronter tant ils dérangent. Remise en cause de l’establishment, dénonciation de l’impérialisme, des injustices sociales et du capitalisme, les thèmes abordés parlent à toute une génération et trouvent un large public. Rencontrant un succès planétaire, le groupe conserve ses idéaux punk, en fixant des prix d’entrée modiques pour ses concerts, voire en laissant entrer gratuitement plusieurs centaines de fans, lors d’un concert à Paris en 1978.

Un exemple flagrant serait celui du morceau The Guns Of Brixton. Écrit en 1979, il anticipe les “race riot”, émeutes raciales qui surviennent à Brixton en 1981. Engagé sur le sujet, le groupe participe en 1978 aux concerts organisés par Rock Against Racism, en réaction aux propos racistes d’Eric Clapton et David Bowie.

Texte écrit par Alexandre Pendeliau

Retrouvez The Clash et tou-te-s les autres artistes et projets militants sur notre page Instagram

Drexciya

Article, Artistes

Duo légendaire issu de la ville de Détroit, actif de 1992 jusqu’à la mort de l’un de ses membres en 2002, Drexciya a contribué à définir le son de la Techno de Detroit ainsi que de l’Electro. Leurs productions vont sortir sur des labels majeurs de la musique électronique mondialisée, tels que chez les allemands de Tresor, les anglais de Warp, ou le label issu de Detroit le plus militant de la scène Techno (dont nous reparlerons), Underground Resitance.

Refusant totalement la logique de starification des musiciens, les deux membres du duo entretiendront le plus longtemps possible des doutes sur leur véritable identité, préférant rester dans l’anonymat. Rester anonyme pousse à s’intéresser directement à leur musique, sans idolâtrer les individus qui la produise.

Pochette de l’EP Aquatic Invation, 1995 (Underground Resistance)

À travers les titres de leurs morceaux, ainsi que les notes et illustrations qui accompagnent leurs albums, Drexciya développe un univers fantastique dans lequel les enfants des femmes africaines, jetés dans l’océan en raison de leur grossesse lors de la traversée de l’Atlantique, ont survécus et peuplent désormais un monde sous-marin. On peut y voir une référence directe à l’esclavagisme et au commerce triangulaire.

Drexciya se rattache à l’afrofuturisme, mouvement artistique majeur, dans lequel la musique joue une place primordiale, notamment celle de pionniers comme Sun Ra ou George Clinton. Ce mouvement place l’art noir au centre de tout, et offre comme réponse aux oppressions subies par le peuple noir l’imagination, la créativité ou l’improvisation. Un pont est fait entre toutes les musiques noire, du Jazz au Blues en passant par le Funk, jusqu’au Reggae, au Hip-Hop et à la Techno.

Recommandations d’écoute:

Retrouvez Drexciya et tou-te-s les autres artistes et projets militants sur notre page Instagram

Public Enemy

Article, Artistes

Public Enemy – les débuts de la politisation du Hip-Hop

Public Enemy est un groupe New-yorkais, pionnier du Hip-Hop, actif depuis 1982. Le groupe rencontre un succès planétaire à la fin des années 80, avec des albums marquants comme It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back en 1988, ou Fear of a Black Planet en 1990, acclamés par le public, mais qui suscitent la controverse ainsi qu’un rejet de la part de la classe politique.
À ses débuts dans les années 70 puis dans la première moitié des années 80, le Hip-Hop sert de divertissement aux jeunes des ghettos de New York, notamment à travers les battles de danse, de rap, le Graff et les soirées festives. Il n’a pas encore la dimension engagée qu’on peut lui connaître. Public Enemy va fortement participer à cette politisation du Hip-Hop.

Fasciné par le combat des Black Panthers et les discours de Malcom X, le leader du groupe, Chuck D, va chercher par tous les moyens à diffuser ces idées. En réfléchissant à l’impact du rap, notamment sur les jeunes, il critique les rappeurs à succès de l’époque, LL Cool J en tête, pour la futilité de leurs textes.

Proches de la très controversée Nation of Islam, le groupe milite pour un suprémacisme noir, en réaction au racisme de la société américaine. À travers ses textes, le groupe évoque des sujets tels que les bavures policières, l’infamie du système carcéral, la partialité des médias au service de l’élite blanche, ou les ravages de la drogue dans les quartiers.