Princess Nokia

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Princess Nokia, c’est l’alias finalement adopté par Destiny Nicole Frasqueri après autres: Wavy Spice et Destiny. Rappeuse Américaine d’origine Portoricaine, née en 1992, date éponyme de sa plus célèbre mixtape, elle enregistre sa première chanson, Destiny, en 2010. Profondément influencée par New York et ses quartiers, tels que le Bronx ou Harlem, elle s’est notamment essayée au Blues et à la Soul en tant que Destiny sur son projet Honeysuckle, projet engagé où elle affirme sa position face à la recrudescence des violences raciales aux États-Unis.

Après avoir fréquenté le milieu des rave-parties, elle finit par organiser ses propres soirées et travaille en parallèle en tant que gogo-danceuse. Plus tard encore, elle fonde avec Milah Libin le Smart Girl Club, un collectif queer et féministe à travers duquel elle diffuse des émissions de radio hebdomadaires, ainsi que des clips. S’identifiant en tant que personne bisexuelle et non-binaire, elle a donné plusieurs concerts dans des clubs gay à ses débuts, ancrant le début de sa réputation à la scène LGBT+.

Pochette de l’album 1992 sorti en 2016 ( auto-production) et réedité en 2017 par Rough Trade

Artiste indépendante qui le clame haut et fort, ses albums sont autoproduits et elle a plusieurs fois refusé les propositions de maisons de disques. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de participer à de grandes campagnes de publicité pour des marques de luxe, telles que Margiela, pour laquelle elle a été ambassadrice, ou encore Calvin Klein.

Son succès l’a également amené à donner des concerts dans des universités, comme Harvard ou Cambridge, concerts que l’on pourrait critiquer, mais à titre d’anecdote, elle serait descendue de scène pour gifler un homme ayant proféré des obscénités à Cambridge, ce qui, somme toute, collerait plutôt bien au personnage.

Texte: Kévin Juskiwieski

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Pablo Hasél

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Pablo Hasél est un rappeur, poète et activiste de la communauté autonome de Catalogne. Son nom de scène est une référence à un conte arabe dans lequel un guérillero nommé Hasél fait tomber une monarchie. Il se revendique ouvertement communiste, antifasciste et anti monarchiste.

Pablo Hasél est arrêté le 16 février. Son arrestation déclenche manifestations, émeutes, et l’intérêt de nombreux médias.

Déjà condamné par le passé pour apologie au terrorisme pour ses tweet critiquant la police et la monarchie, Pablo Hasél est condamné en 2018 à deux ans de prison ferme, mais sa peine est réduite pour éviter un scandale et ainsi empêcher de créer des liens de solidarité avec d’autres artistes condamnés. Son arrestation s’inscrit dans une série de procès menés par l’Audience nationale (instance de justice créée sous le franquisme). Celle-ci condamnait le collectif de rap La Insurjencia et le rappeur Valtònyc pour apologie du terrorisme, en s’appuyant sur leurs tweets contre la police, la monarchie en place et leur admiration envers le GRAPO (Groupes de résistance antifasciste du premier octobre) . La réduction de peine ne lui évite cependant pas une incarcération immédiate, qu’il cherche à éviter en se réfugiant dans l’université de Lleida, sa ville natale. Il se fera arrêter le lendemain par les forces de police.

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La Rumeur

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La Rumeur, c’est un groupe de Hip-Hop français, actif depuis 1997. Le groupe se considère parfois comme un groupe “underground” ou “hardcore”, pour marquer la différence avec le reste du Hip-Hop français. Radical, ils refusent de changer leur musique pour plaire à un plus large public ou pour passer sur Skryrock, radio qu’ils critiquent régulièrement dans leurs textes. Avec 4 albums au compteur, plusieurs compilations et mixtapes, c’est un groupe majeur du Rap en France.

La Rumeur revendique sa volonté de rester à part, de ne pas se mêler au jeu de la promotion ou des passages télé comme le font d’autres rappeurs :

“Nous crachons sur les rappeurs domestiqués, sur les groupes médiocres. Nous sommes les subversifs. Si nous allons voir la presse, c’est pour parler des brutalités policières. Pas refiler des slogans sur la vie est belle”

écrivent-ils dans leur livre Il y a toujours un lendemain, sorti en 2017, qui retrace le parcours du groupe.

Pochette de l’album Tout Brûle Déjà sorti en 2012

Diversifiant ses activités, La Rumeur est aussi à l’origine d’un journal, La Rumeur Mag. Un article écrit dans ce journal en 2002 va être à l’origine d’un procès, très médiatisé, qui met le groupe sur le devant de la scène politique. Cet article, qui dénonce le racisme de la police, et la récupération du mouvement anti-raciste par SOS Racisme (au service du PS), est attaqué par Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur à l’époque. La relaxe est finalement accordée, au bout d’un long combat qui dure de 2002 à 2010.

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Mona Haydar

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Mona Haydar est une poète et rappeuse Américaine d’origine syrienne. Elle se fait connaître en 2017, par le biais de sa chanson Hijabi, qui devient virale et dont le clip enchaîne les millions de vues. Dans ce morceau, diffusé à l’occasion de la “journée de la femme musulmane”, le 27 mars, elle rejette les clichés liés au voile, et proclame sa fierté d’être une femme féministe, musulmane et voilée.

Dès 2015, avant de commencer sa carrière dans la musique, Mona Haydar menait déjà une campagne pour inviter les gens dans les rues des Etats Unis et parler avec des musulman-e-s, pour déconstruire leurs idées reçues et le rejet de l’Islam.

En 2017, elle sort son premier EP, Barbarians, à travers lequel elle dénonce la société capitaliste, mysogine et islamophobe. Sa musique s’inspire du Hip-Hop Américain, tout en y ajoutant des éléments de musique orientale.

Elle poursuit en 2020 avec le morceau Good Body, un hymne Body-positive inclusif. Elle y invite à aimer son corps, peu importe sa couleur, sa corpulence, à oser être soi sans prêter attention aux jugements de la société.

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Public Enemy

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Public Enemy – les débuts de la politisation du Hip-Hop

Public Enemy est un groupe New-yorkais, pionnier du Hip-Hop, actif depuis 1982. Le groupe rencontre un succès planétaire à la fin des années 80, avec des albums marquants comme It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back en 1988, ou Fear of a Black Planet en 1990, acclamés par le public, mais qui suscitent la controverse ainsi qu’un rejet de la part de la classe politique.
À ses débuts dans les années 70 puis dans la première moitié des années 80, le Hip-Hop sert de divertissement aux jeunes des ghettos de New York, notamment à travers les battles de danse, de rap, le Graff et les soirées festives. Il n’a pas encore la dimension engagée qu’on peut lui connaître. Public Enemy va fortement participer à cette politisation du Hip-Hop.

Fasciné par le combat des Black Panthers et les discours de Malcom X, le leader du groupe, Chuck D, va chercher par tous les moyens à diffuser ces idées. En réfléchissant à l’impact du rap, notamment sur les jeunes, il critique les rappeurs à succès de l’époque, LL Cool J en tête, pour la futilité de leurs textes.

Proches de la très controversée Nation of Islam, le groupe milite pour un suprémacisme noir, en réaction au racisme de la société américaine. À travers ses textes, le groupe évoque des sujets tels que les bavures policières, l’infamie du système carcéral, la partialité des médias au service de l’élite blanche, ou les ravages de la drogue dans les quartiers.